Soft skills. C’est une expression qu’on lit de plus en plus souvent. D’ailleurs, certains recruteurs s’attachent plus aux « soft skills » des candidats qu’à leurs « hard skills » pour embaucher.
Attention, je ne dis pas que nous avons déjà basculé à l’ère du « soft skills only » mais la tendance progresse. Ce n’est pas neutre : recruter un collaborateur sur des soft skills demande un véritable engagement et un changement de mentalités. Notamment chez les managers qui vont devoir adapter – voire révolutionner – leur façon d’accueillir et de former les nouveaux venus…
Qu’est-ce qu’une soft skill ?
Cette expression recouvre les compétences qui permettent d’interagir efficacement et harmonieusement avec l’environnement, qu’il s’agisse de s’adapter à autrui ou à une situation déstabilisante.
On les distingue des hard skills qui sont les compétences apprises et maîtrisées lors des parcours scolaire ou professionnel et qui sont principalement liées au métier.
Pour y voir plus clair, la psychologue Cécile Jarleton distingue trois concepts dans les soft skills :
- les traits de personnalités innés (introversion, extraversion, optimisme…)
- les états émotionnels (enthousiasme, conscience de soi, empathie…)
- les compétences qu’on peut acquérir et améliorer (sens de la communication, élocution, sens de l’écoute, esprit d’équipe…).
Si je caricature : pour un chirurgien, savoir recoudre correctement un patient, c’est une hard skill. Créer avec lui une relation de confiance, écouter ses inquiétudes et utiliser les mots qui le rassurent, c’est une soft skill. Quelques exemples de soft skills :
- gérer ses émotions,
- travailler en équipe transverse,
- avoir confiance en soi,
- être optimiste ou encore créatif…
Les managers au cœur du processus
Soyons lucides, l’ouverture des recruteurs aux softs skills est d’abord conjoncturel en espérant qu’il devienne structurel.
Premier constat :
Le marché du recrutement est actuellement tendu et les candidats se font rares. Les entreprises sont prêtes à prendre en charge leur formation sur la partie hard skills.
Second constat :
Les entreprises comme les candidats doivent savoir s’adapter. S’adapter à un environnement incertain mais aussi à des évolutions technologiques, sectorielles ou d’organisation. Des métiers disparaissent, d’autres apparaissent. Et ce sont les soft skills des collaborateurs qui feront la différence pour l’entreprise.
Troisième constat :
Les cycles économiques comme ceux des parcours professionnels se raccourcissent. Fini les plans quinquennaux ! Aujourd’hui on parle de vision à 2 ans. Là encore, les collaborateurs qui seront les plus à-même de prendre le virage efficacement seront ceux qui disposent des savoir-être fondamentaux et de l’ouverture qui leur permettront de s’adapter, d’apprendre et de changer. Pas les autres. Vous l’avez sans doute deviné, les managers vont être au cœur de cette évolution profonde. Recruter un collaborateur sur sa seule maîtrise technique ne sera plus suffisant. Même si, sur le papier, ça a l’air plus simple. Si le candidat ne maîtrise pas les savoir-être qui vont lui permettre de s’adapter à l’équipe, d’évoluer face au changement ou d’épouser le progrès…
L’équipe et – indirectement – l’entreprise en seront impactées. Les phrases comme : « Oui, pourquoi pas recruter ce candidat… Mais j’ai pas le temps de le former. Donc on verra ça plus tard… » ne pourront plus avoir droit de cité.
Les managers devront s’impliquer pour recruter, accompagner et former les nouvelles recrues.
Les multiples vertus des soft skills
Les soft skills permettent de : s’intégrer facilement, d’être plus rapidement opérationnel et performant. Elles sont alors une véritable carte à jouer pour différencier l’humain du robot. Ecoute du client, empathie et toutes les émotions propres à la relation client font toute la différence.
Les soft skills permettent aussi de replacer l’humain au centre de la stratégie de l’entreprise. L’entreprise est alors plus performante avec des équipes soudées et mieux armées, des collaborateurs capables de rebondir et d’apprendre en continu.
Signes révélateurs, dans certaines grandes entreprises, des budgets formation sont dédiés au développement des soft skills. De nombreuses start-up les mettent au cœur de leurs critères de recrutement car elles sont essentielles à leur survie.
Mes conseils pour intégrer les soft skills dans sa gestion RH
- Former les RH et les managers aux entretiens de recrutement pour leur permettre d’être plus attentifs aux softs skills et les aider à clairement définir leurs besoins dans ce domaine.
- Croiser les feedbacks du RH, du n+1 et des membres de l’équipe. Lors d’une prise de référence, être attentif à la façon dont le candidat collaborait, réagissait ou se comportait.
- Intégrer un test d’intelligence émotionnelle dans le parcours de recrutement, par exemple. Mais vérifier aussi si le test de personnalité que l’on utilise est au point. Faire évoluer sa grille d’entretien en fonction.
- Analyser régulièrement ses derniers recrutements : pourquoi ont-ils été un succès ? Identifier les éléments-clé qui ont fait la différence. C’est ce qui permet d’apprendre à recruter les soft skills indispensables.
- Pour les collaborateurs déjà en place, il est déterminant de détecter les soft skills de chacun. Les entretiens, annuels ou autres et les échanges sont la meilleure source !
Les RH disposent aujourd’hui d’outils pour les aider à identifier les soft skills des candidats, que ce soit en entretien ou à travers des séances d’assessment. Les entretiens restent décisifs pour confirmer les soft skills et l’existence d’une culture commune avec les managers directs et l’entreprise.
L’entretien post-assessment, c’est aussi le moment d’observer si l’attitude du candidat est en phase avec son discours, de commenter son CV et les résultats de tests – comme l’oblige la loi Aubry –, de creuser ses expériences, ses talents relationnels, son état d’esprit et ses capacités à réagir.
Les 10 soft skills les plus recherchées
1. LA RÉSOLUTION DE PROBLÈMES COMPLEXES
La capacité d’adaptation, d’analyse et la réactivité permettent de faire face à toutes les situations. Les recruteurs sont sensibles à la capacité d’identifier un problème et d’en percevoir la complexité. Être à même de trouver des solutions en toute circonstance et de prendre les décisions adéquates est un vrai plus !
2. LE SENS CRITIQUE
Savoir faire preuve d’objectivité et savoir mener un raisonnement permet également d’être un élément-clé au sein d’une entreprise. Ces qualités permettent d’être force de proposition et de résoudre des problèmes.
3. LA CRÉATIVITÉ
Dans un contexte hautement concurrentiel, il est important d’avoir des éléments qui permettent de se différencier : la créativité en est un évident !
4.TRAVAIL EN ÉQUIPE
Savoir faire preuve d’un esprit d’équipe est un atout majeur. Jouer collectif plutôt que personnel est le ciment des équipes.
5. L’INTELLIGENCE ÉMOTIONNELLE
Reconnaître ses émotions et être à leur écoute est un atout. L’intelligence émotionnelle, ou quotient émotionnel, est aussi important que le quotient intellectuel.
6. LA PRISE DE DÉCISION
Avoir un esprit d’analyse et un sens critique permettent de trancher et de prendre les décisions nécessaires.
7. LE SENS DU SERVICE
L’empathie et l’altruisme sont des qualités appréciées en entreprise, ainsi que le sens du service. On fait preuve d’esprit d’équipe lorsque l’on propose d’aider ses collègues en-dehors de son champ d’action habituel.
8. LA NÉGOCIATION
La négociation est un art et se révèle nécessaire dans bon nombre de situations. Savoir argumenter pour faire accepter son point de vue et savoir rebondir sont de véritables atouts.
9. LA FLEXIBILITÉ
La capacité d’adaptation et la flexibilité sont indispensables pour gérer les situations inhabituelles.
10. LA COMMUNICATION
Savoir faire passer ses idées ou un message – qu’il soit positif ou négatif – est au cœur du travail d’équipe. Pour cela il faut que le message soit clair, concis et précis.
Aujourd’hui on parle aussi des « mad skills » en recrutement. Vous voulez en savoir plus sur les compétences folles ? C’est par ici.
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