Le phénomène « Great Resignation », ça vous dit quelque chose ? C’est la tendance du moment aux US : une vague de démissions massive qui sévit depuis la fin de l’année dernière. Pour être exact : c’est 4,5 millions de personnes / mois qui ont quitté leur entreprise en novembre et décembre 2021.
Que s’est-il passé pour que les salariés démissionnent en masse ?
Principalement une envie – un besoin – de se concentrer sur soi pour donner un sens à son job et sortir de la roue du hamster. Cette tendance est confortée par la situation de plein emploi sur le marché des cadres et les tensions sur de nombreux secteurs pour trouver des candidats expérimentés directement employables. D’où la difficulté actuelle pour recruter des profils pertinents et rares.
Si les collaborateurs démissionnent, c’est de la faute du manager ?
En tant que manager, lorsqu’un collaborateur démissionne, certains ont tendance à se remettre en question « Suis-je responsable de leur départ ? » « Comment puis-je l’éviter ou ralentir ? » « On dit de moi que je suis un bon manager, mais mes collabs s’en vont ! ».
Des collaborateurs qui poursuivent leur route, c’est normal !
Mais bien souvent, ceux qui partent sont ceux que l’on souhaite conserver… Et les départs qui nous marquent sont ceux que l’on ne souhaite pas voir partir ! La démission d’un collaborateur sur qui on compte peu a beaucoup moins d’impact.
Quelle est la part de responsabilité de chacun dans une démission ?
La plupart du temps elle est partagée entre le collaborateur, le manager et l’entreprise elle-même. Votre collaborateur aura ses raisons mais le manager et la société ont peut-être leur part de responsabilité. Parfois le manager n’y est pour rien. Les valeurs de l’entreprise peuvent changer et ne plus convenir au salarié qui ira chercher ailleurs pour redonner du sens à sa collaboration.
Mais peut-être que le manager aura occulté certains signaux faibles qui auraient pu lui permettre de réagir avant de se retrouver avec une enveloppe dans la main ? Restez à l’écoute….
Là où cela devient problématique, c’est lorsque les départs se succèdent… « 1 ça va, 3, bonjour les dégâts ! ».
Bref, que ce soit à cause d’éléments externes ou internes, votre collaborateur a estimé que son job ne lui convenait plus et a décidé d’aller voir ailleurs.
6 cas de figure où le manager n’y est pour rien
1. On leur offre le poste idéal
Cela m’est arrivé il y a quelques années : ma principale collaboratrice est venue m’apporter sa démission en pleurant… Elle démissionnait pour de bonnes raisons qui n’avaient rien à voir avec moi en l’occurrence. Elle partait en Suisse sur un nouveau projet avec une rémunération doublée et la perspective d’intégrer l’équipe de Direction. Je ne pouvais malheureusement pas lutter…
2. Leur profil est séduisant pour le marché
Vous le savez, certains profils sont plus recherchés que d’autres. Les chasseurs de têtes se les arrachent et les entreprises sont prêtes à tout pour embaucher un data scientist, un spécialiste de la transformation digitale, un directeur commercial senior ou encore un expert en marketing digital.
3. Ils ont trouvé mieux ailleurs
Mieux ailleurs, cela veut dire non seulement un meilleur salaire, mais aussi plus d’avantages, un rapprochement domicile-travail, une culture d’entreprise qui leur plaît, des valeurs dans lesquelles ils se reconnaissent, une équipe à manager… Ou encore un meilleur équilibre entre vie pro et vie perso.
4. Déclin de la structure, de l’entreprise
Si l’entreprise ou l’équipe est sur le déclin, les collaborateurs ont une bonne raison de chercher un poste dans un environnement plus porteur ou pérenne.
5. Métier condamné ou has been
Certains collaborateurs chercheront à anticiper l’obsolescence du secteur ou d’un métier qui n’est plus raccord avec leurs compétences. Ils vont bouger pour s’adapter à ces situations.
6. Ils sont bloqués dans leur progression de carrière
Dans certaines structures, plus particulièrement les TPE, le nombre de postes est limité. Un collaborateur aura donc moins de facilité à évoluer.
7 autres cas de figure où le manager a une part de responsabilité
1.« Mes collègues s’en vont, je suis la dernière à rester »
Quand un nouveau cycle se met en place, certains collaborateurs ont le sentiment de faire du sur-place. C’est alors au manager d’anticiper la situation et de faire en sorte de redistribuer les cartes.
2. Désaccord avec la stratégie, les valeurs ou encore l’orientation de l’entreprise
Le rôle du manager est de mettre en œuvre de la stratégie de l’entreprise. C’est à lui de détecter si cette dernière met à mal les convictions et valeurs de son équipe.
3. « Je n’apprends plus rien »
Tous les collaborateurs ne sont pas avides de nouveaux apprentissages. En revanche, ceux qui le sont doivent être nourris régulièrement de challenges et de nouveautés. Là encore c’est au manager de déceler cette appétence et d’y répondre.
4. Burn out ou bore out
Que ce soit le surcroît ou le manque de travail, un salarié dans ces situations n’hésitera pas à aller voir ailleurs pour sortir du cercle vicieux. C’est au manager de déceler la situation de son collaborateur, de l’accompagner et le soutenir, enfin de trouver la solution pour y remédier.
5. Promesses non tenues
Si l’employeur n’est pas juste ou qu’il ne tient pas ses promesses, le risque que le collaborateur s’en aille est fort. Idem lorsqu’il existe un décalage entre ses aspirations, la proposition initiale et la réalité du quotidien. C’est la confiance qui en prend un coup.
6. Ambiance de travail toxique
Si votre collaborateur ne se sent plus en adéquation avec les autres membres de l’équipe, vous êtes face à un risque important… Pour un manager, il est fondamental de savoir déceler les signaux faibles et de s’impliquer.
7. Absence de reconnaissance
« Je n’ai jamais eu d’augmentation ». Le manque de reconnaissance est la principale cause de départ des collaborateurs. La reconnaissance, qu’elle soit financière ou non, est un aspect fondamental de la vie en société. Nous la recherchons et l’attendons tous, quel que soit notre niveau de responsabilité. Si le collaborateur se sent isolé, sans soutien de son manager ou de la structure, il se posera des questions sur la valeur ajoutée de son manager et aura de grandes chances d’aller voir ailleurs.
Attention aussi à l’automatisation à outrance
Rendre ses collaborateurs autonomes, ce n’est pas les laisser sans soutien dans leur coin. Le risque est évidemment que le collaborateur autonome prenne son indépendance pour de bon et choisisse de se mettre à son compte. Aujourd’hui, la création d’entreprise est tellement encouragée et facilitée que vous pourriez non seulement perdre un bon élément mais aussi vous retrouver avec un nouveau concurrent… Pour pallier ce risque, certaines grandes sociétés (sociétés de conseil notamment) ont mis en place des systèmes d’accompagnement très poussés pour leurs futur-ex salariés. Leur objectif est de faciliter leur sortie et leur retour à l’emploi afin d’en faire des ambassadeurs et futurs clients/prescripteurs chez leurs nouveaux employeurs.
Que faire si un collaborateur vous donne sa démission ?
Si vous ne pouvez ou ne voulez le retenir, il faut le laisser partir sereinement ! En tant que manager, vous devrez en priorité :
- Comprendre les raisons de son départ : est-ce un cas isolé ou non ? Si non, prendre les mesures qui s’imposent pour éviter l’hémorragie totale de l’équipe.
- Identifier votre part de responsabilité : lorsqu’un collaborateur vous quitte, c’est l’occasion de rebattre les cartes.
- Faire votre deuil : certes, ce départ est une perte. Vous devez éviter d’y mettre trop de pathos. Quoi qu’il en soit, personne n’est irremplaçable (vous comme lui !).
- Vous préparer à recruter un nouveau collaborateur : un départ peut vous aider à définir différemment le périmètre et les responsabilités du poste. C’est une opportunité pour mieux organiser l’équipe et ses missions.
J’espère que ces astuces vous serviront si un de vos collaborateurs devait vous remettre sa démission. Quant à moi, je reste à votre disposition pour vous accompagner : faire le point, effectuer le diagnostic et trouver les bonnes solutions. N’hésitez pas !
